La GUERRE D'ALGERIE
Conflit qui opposa, en Algérie, les nationalistes algériens au pouvoir d'État français.
La guerre d'Algérie, menée par la France de 1954 à 1962 contre les indépendantistes algériens, prend place dans le mouvement de décolonisation qui affecta les empires occidentaux après la Seconde Guerre mondiale, et notamment les plus grands d'entre eux, les empires français et britannique.
Quand l'insurrection est déclenchée, l'indépendance du Viêt Nam vient d'être arrachée – les forces françaises ont été défaites à Diên Biên Phu, ce qui constitue un encouragement pour tous les peuples colonisés. Quant à l'indépendance des deux protectorats maghrébins, le Maroc et la Tunisie, elle est en cours de négociation.
Cette guerre – que, jusqu'en 1999, l'État français s'obstina à ne désigner officiellement que par les termes d'« opérations de maintien de l'ordre » – allait apporter, après maints déchirements entre opposants réformistes et nationalistes, l'indépendance au peuple algérien. Elle allait aussi traumatiser durablement la société française : le soulèvement des nationalistes algériens frappait un pays à peine remis de la guerre ; il allait durer huit ans et finir par emporter la IVe République.
Le nombre des victimes de la guerre d'Algérie reste encore incertain. Le moins mal connu est le chiffre des pertes militaires françaises : près de 25 000 morts, dont 15 500 au combat ou par attentat, 65 000 blessés et 485 disparus.
l L'ALGÉRIE À LA VEILLE DE LA GUERRE
1.1. LE SYMBOLE DE LA PUISSANCE FRANÇAISE
Pour la France des années 1950, la perte éventuelle de l'Algérie représentait une atteinte à son rang de grande puissance, symbolisé depuis la fin du xixe siècle par sa présence coloniale dans le monde.
L'Algérie, au cœur du Maghreb, entre Afrique noire et Proche-Orient, est la pièce maîtresse de son dispositif. L'apport de la colonie algérienne à l'économie nationale, longtemps limité à une agriculture commerciale dynamique, s'est transformé grâce aux découvertes de pétrole et de gaz qui se multiplient après 1951. L'Algérie constitue également la seule colonie française de peuplement, avec un million d'« Européens » en 1954 (des Français, mais aussi des Italiens, des Espagnols et des Maltais, qui bénéficient de la naturalisation automatique), dont les avantages sont à opposer à la sous-administration et au sous-équipement de la population musulmane.
1.2. L'INSATISFACTION DE LA POPULATION MUSULMANE
Celle-ci, forte de neuf millions d'habitants, de statut coranique, en forte croissance démographique, est en partie réduite à la misère par la crise agraire.
Pour les Algériens, la lutte armée sert à exprimer une désillusion réelle à l'égard des promesses françaises. En 1937, le projet Blum-Viollette étendant le droit de vote à une minorité de musulmans a été repoussé. En 1947, un nouveau statut organique est octroyé, créant une Assemblée algérienne dont la moitié des représentants est élue par un collège de 522 000 citoyens français, et l'autre moitié par un collège de 1 200 000 musulmans non citoyens. Mais, dès 1948, le vote du collège musulman est truqué par le gouverneur général Naegelen appuyé par l'opinion pied-noir (nom usuel de la communauté française d’Algérie) et donne la majorité aux candidats musulmans de l'administration française.
Pour en savoir plus, voir l'article colonisation.
1.3. DIVERSITÉ dU NATIONALISME ALGÉRIEN
En 1954, le mouvement nationaliste algérien, déjà ancien, est en pleine mutation. – L'Association des oulémas (docteurs de la loi islamique) garde une autorité surtout morale.
LES ANCIENNES FORMATIONS
– L'Union démocratique du manifeste
du peuple algérien (UDMA), fondée en 1946 par Ferhat Abbas,
a soulevé les espoirs de la bourgeoisie musulmane, mais elle est la principale victime de la politique du gouverneur général.
– Le parti communiste algérien hésite entre autonomie et assimilation.
– Le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) de Messali Hadj, fondé en octobre 1946, est le fer de lance du nationalisme algérien. Il s'impose grâce à son programme – l'indépendance totale – à ses
25 000 militants aguerris par la clandestinité, et aux révoltes menées par le parti populaire algérien (PPA, interdit depuis 1939, auquel le MTLD sert de couverture légale ) dans le
Constantinois en 1945.
LA FONDATION DU FLN (1954)
Toutefois, l'autorité de Messali Hadj est contestée par ceux – dont Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella – qui préconisent l'action immédiate pour relancer le mouvement et qui créent en mars-avril 1954 Le Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action (CRUA).
En octobre 1954, neuf personnalités – parmi lesquelles Aït Ahmed, Belkacem Krim, Ben Bella, Mohammed Boudiaf, qui traverseront toute la guerre – fondent le Front de libération nationale (FLN), le dotent d'une Armée de libération nationale (ALN), et fixent l'insurrection pour la Toussaint 1954.
LA GUERRE D'INDOCHINE
Premier conflit colonial de la France d'après-guerre, la guerre d'Indochine (1946-1954) oppose l’armée française aux forces communistes du Viêt-minh (qui luttaient pour l’indépendance de l'Indochine). Elle se termine par l'indépendance du Viet Nam après la défaîte de Diên Biên Phu et le départ de tous les français (soldats et colons). Débutée dans le délicat contexte de la reconstruction, cette guerre fut souvent reléguée au second plan des préoccupations des français, avant de céder la place à un conflit autrement plus mobilisateur : la guerre d’Algérie.
Ce que l’on appelle à partir de 1905, l’Indochine représente un ensemble disparate de possessions et de protectorats français qui englobent les états actuels du Vietnam, du Cambodge et du Laos, conquis entre 1858 et 1896 (voire 1907). Si la partie méridionale du Vietnam actuel, nommée alors Cochinchine (région du delta du Mékong) est une colonie, l’Annam (Vietnam du centre, avec à sa tête les empereurs de la lignée des Nguyễn), le Tonkin (Vietnam du nord), le Cambodge et le Laos sont des protectorats (au même titre que le Maroc ou la Tunisie).
Ce découpage fruit de diverses opérations militaires, répond avant tout à des impératifs administratifs et constitue évidemment un sujet de mécontentement pour les populations locales. C’est encore plus vrai dans ce qui va devenir le Vietnam, pays héritier d’une longue tradition de résistance à la domination étrangère (autrefois chinoise) dont les milieux patriotes vivent très mal la division en plusieurs entités.
Ce sentiment d’aliénation est encore renforcé par la volonté des française de faire de l’Indochine une colonie d’exploitation sur le plan économique. Paris y prélève des taxes et des impôts importants et se réserve le monopole des commerces stratégiques de l’opium, de l’alcool, du sel et du riz. Les ressources naturelles de la région sont exploitées de manière intensive (ce qui se traduit d’ailleurs par de forts investissements), notamment le caoutchouc produit à partir des plantations d’hévéas où les conditions de travail des paysans vietnamiens sont réputées très dures. A cela s’ajoute enfin le fort prosélytisme de missionnaires chrétiens, qui malgré de nombreuses conversions, suscite la colère de nombreux Indochinois.
Ces facteurs expliquent les causes du développement des résistances diverses à la présence française en Indochine dès le XIXe siècle. Avec le développement économique et l’apparition d’une bourgeoisie et d’un prolétariat (pour reprendre un vocabulaire marxiste) locaux à partir des années 1920, les mouvements patriotes indochinois se modernisent et se renforcent. Il faut d’ailleurs y inclure les communistes, avec leur tête Nguyên Aï Quoc dit Ho Chi Minh, qui comme leurs camarades chinois, se réclament de sentiments patriotiques sans renier leur engagement Marxiste-léniniste.
Si dans les années 30 les révoltes populaires sont encore contenues par les Français, la Seconde Guerre Mondiale va donner aux divers groupes nationalistes indochinois l’occasion de s’affirmer de manière irrémédiable. A partir de l’été 1940, les Japonais par le chantage armé et les pressions diplomatiques soumettent peu à peu les autorités coloniales françaises (par ailleurs fidèles à l’Etat Français de Pétain).
La position des quelques 34 000 français d’Indochine est alors grandement affaiblie par la perte de prestige qui en résulte. Se développe une résistance armée anti japonaise et anti française, dont le Viet-Minh (ligue politique rassemblant communistes et nationalistes vietnamiens) d’Ho Chi Minh constitue la frange la plus active. L’incurie des autorités coloniales françaises face à la dégradation de la situation, trouve son expression la plus dramatique dans son incapacité à faire face à la terrible famine de 1944-1945.
En mars 1945, les Japonais décident de s’emparer directement de l’Indochine et balaient brutalement les garnisons françaises. Ce faisant ils détruisent ce qu’il restait d’influence aux français et jouent par la suite la carte des nationalismes locaux en promouvant l'établissement de régimes autochtones amis. Ce sera notamment le cas en Annam avec l’empereur Bao Dai. S’ajoute à cela les plans des alliés, qui entendent reprendre l’Indochine aux Japonais et la partager en deux zones d’influence : britannique au sud, chinoise (nationalistes) au nord.
De tels plans seront conjurés de justesse par le GPRF du Général de Gaulle, avec l’envoi dès septembre 1945 d’un Corps Expéditionnaire Français d’Extrême Orient (CEFEO) aux ordres du général Leclerc et constitué pour partie d’anciens de la fameuse 2e DB et de légionnaires. La situation qu’ils y trouvent en débarquant à Saigon est particulièrement chaotique.
Leclerc qui a été chargé de rétablir l’autorité de la France sur l’Indochine, doit composer avec les Britanniques et les Chinois mais surtout avec le Viêt Minh. En effet ce dernier a déclenché le 13 août une insurrection générale contre Bao Dai (qui a été contraint à l’abdication, tout en étant associé au niveau régime comme « conseiller spécial ») et a proclamé à Hanoi une République démocratique du Vietnam (RDVN).
Leclerc qui partage son autorité avec l’amiral Thierry d’Argenlieu (Haut Commissaire pour l’Indochine et donc à la tête du volet civil de l’opération) parvient à obtenir des chinois et des britanniques leur retrait progressif. Néanmoins ces derniers insistent lourdement sur la nécessité de négocier avec les nationalistes locaux, qu’ils aident parfois matériellement. Le Général de Gaulle a d’emblée compris qu’il ne serait possible de rétablir l’Indochine française dans sa forme d’avant guerre et a donc laissé à Leclerc une marge de manœuvre suffisante pour négocier un compromis avec le Viet-Minh.
Il s’agit d’établir une fédération Indochinoise qui intègre le concept d’un Vietnam unifié. Après des négociations serrées est signée le 6 mars 1946 une convention qui reconnaît le Vietnam comme « un Etat libre avec son gouvernement, son Parlement et ses finances, faisant partie de la Fédération Indochinoise et de l’Union Française ». L’Unification de l’ensemble Vietnamien (Annam, Cochinchine, Tonkin) est soumise à référendum et a pour contrepartie l’installation de troupes françaises à Hanoï.
Il faut dire qu’entre 1945 et 1946, les effectifs du CEFEO gonflent et que Leclerc a procédé énergiquement au rétablissement d’une présence militaire française sur une bonne partie de l’Indochine…sauf au nord du Vietnam (Tonkin) bien entendu. A l’été 1946 la situation qui aurait pu inspirer un certain optimisme va soudain se tendre. A Paris et à Saigon les groupes de pressions colonialistes ont repris leur influence passée et pèsent de tout leur poids sur le processus décisionnel.
L’amiral Thierry d’Argenlieu, qui contrairement à Leclerc (avec qui il ne s’entend guère) ne fait pas confiance à Ho Chi Minh, décide de faire proclamer le 1er juin une république de Cochinchine, ce en complète contradiction avec les accords du 6 mars qu’il a personnellement désapprouvé. Ho Chi Minh qui est alors en France, constate avec le départ de Leclerc pour l’Afrique du Nord (juillet 1946) et l’échec de la Conférence de Fontainebleau (juillet-août 1946) qu’un accord avec Paris s’éloigne de plus en plus.
Pressé par les « durs » de son propre mouvement, le leader communiste vietnamien va présider à la dégradation de la situation. Le mois de novembre voit éclater une crise gravissime dans le port d’Haiphong (à 100km d’Hanoi). Après l’installation d’un bureau douanier français et des échauffourées entre militaires vietnamiens et français, la ville se couvre de barricades. Le commandant français de la place : le colonel Dèbes, réagit avec la plus grande fermeté et face à la résistance armée du Viet Minh fait donner l’artillerie navale sur le port. Ce 23 novembre, ce sont plusieurs milliers de civils vietnamiens (6000 ?) qui vont périr. La guerre d’Indochine vient de débuter.
Le bombardement d’Haiphong provoque la rupture totale et définitive entre les français et Ho Chi Minh. Celui-ci appelle alors le peuple vietnamien à la résistance et à la guerre contre les français : « Que celui qui a un fusil se serve de son fusil, que celui qui a une épée se serve de son épée… Que chacun combatte le colonialisme ». Cette guerre de partisans, organisée politiquement par le Viet Minh, va se faire dans le cadre d’une armée populaire vietnamienne fortement marquée par la personnalité de son créateur et plus célèbre dirigeant : le général Giap.
Ce professeur d’histoire et communiste vietnamien historique, n’a rien d’un officier de carrière, mais fait montre de grandes qualités militaires. Organisateur hors pair, réputé intransigeant, très au fait de la psychologie des combattants, il met en place des structures dédiées à la conduite d’une guérilla sans merci. Il sait admirablement tirer parti du soutien de la population vietnamienne (parfois obtenu par la force), face à un CEFEO (et ses alliés locaux) certes composé de troupes d’élite mais disposant de trop peu d’effectifs pour réagir rapidement en tous lieux.
Giap mise sur la mobilité des troupes et la fluidité des opérations, imposant de lourdes pertes aux troupes françaises en se prenant systématiquement à sa logistique. Bien vite il apparaît à Paris que le CEFEO n’est en en mesure de contrôler que certaines villes et axes routiers, le reste du pays et notamment les campagnes lui échappant la plupart du temps.
Néanmoins la situation de l’armée populaire du Vietnam n’en reste pas moins difficile. Ses combattants et officiers bien que formés de manière efficace et originale, ne disposent que d’un armement très léger et d’approvisionnements erratiques. Surtout, sur le plan international, Ho Chi Minh ne jouit encore que de très peu de soutiens. Les USA de Truman bien que peu favorables au colonialisme français ne montrent pas encore beaucoup d’intérêt pour la région. Moscou se focalise sur d’autres zones géographiques (de Berlin à l’Iran) et quant aux communistes chinois ils sont encore empêtrés dans leur affrontement avec les nationalistes de Chang Kai Check.
Après près de 3 ans de conflit, la guerre d’Indochine commence à devenir nettement impopulaire dans une métropole qui souffre encore des privations consécutives à la guerre mondiale. Avant de reprendre l’initiative et en vue de forcer Ho Chi Minh à un compromis, les français décident de mettre en avant l’ex empereur Bao Dai qui avait été exilé à Hong Kong. Ils le placent à la tête d’un Etat dans le sud vietnamien, nominalement indépendant, regroupant Cochinchine et Annam (le Tonkin restant sous le contrôle d’Ho Chi Minh et de sa RDVN. Cet état est même doté d’une armée (armée nationale vietnamienne), qui comme les armées du Laos et du Cambodge, participe à la guerre contre les forces de Giap.
Cette tentative de « vietnamiser » (pour reprendre une expression qu’emploieront plus tard les américains) le conflit se révèle un échec relatif. L’Etat dirigé par Bao Dai est miné par le factionnalisme et la corruption, et l’armée entend y jouer un rôle de plus en plus important qui augure mal de l’avenir. Face à cela l’armée populaire vietnamienne se renforce de nouvelles recrues et se paie même le luxe de défaire le CEFEO dans affrontements frontaux (comme la bataille de la Route Coloniale n°4 en octobre 1950).
Il faut dire que l’année 1949 a vu Ho Chi Minh s’extraire de son isolement international. Avec la victoire des communistes de Mao en Chine et l’intensification de la Guerre Froide, le leader d’Hanoï peut compter sur le soutien du bloc socialiste. Ses troupes sont désormais rééquipées avec du matériel moderne et voient leur situation logistique s’améliorer grandement. Giap qui dispose de bases arrières sures, est donc en mesure d’envisager des opérations de plus en plus ambitieuses.
Le général de Lattre de Tassigny (surnommé le « roi Jean », commandant de la 1ére armée française Rhin et Danube en 1944-45) arrivé sur le théâtre Indochinois en 1950 met toute son énergie pour rétablir la situation à l’avantage de Paris. Il parviendra notamment à obtenir une aide croissante de la part des Etats-Unis (qui n’en négligent pas moins de se trouver des alliés locaux dans l’optique d’un éventuel départ des français), qui se traduit par une augmentation drastique des moyens aériens. Cela lui permet de mener une contre offensive énergique et initialement couronnée de succès (notamment dans le delta du fleuve rouge).Cependant miné par la maladie (un cancer) et le chagrin (son fils est tué en opération en mai 51 au Tonkin) il laisse son commandement en décembre 1951.
Les opérations menées par De Lattre, furent les dernières offensives françaises significatives et couronnées de succès de la guerre. Les dirigeants de la IVe République connaissent le prix à payer pour de nouveaux succès et l'estime exorbitant. En métropole, cette guerre coloniale est largement condamnée par la gauche qui dénonce la corruption du système colonial. Acculé à la défensive, le CEFEO cherche à maintenir ses positions au sud et le long de la ligne « De Lattre ». Quant à Giap et Ho Chi Minh, ils mènent les opérations qui devront amener la France à la table des négociations. Au cours de l’année 1952, l’armée populaire vietnamienne, peu économe de ses hommes, lance des offensives coûteuses mais efficaces contre les français et pénètrent jusqu’au Laos.
En novembre 1953 le nouveau commandant du CEFEO, le général Navarre décide d’attirer l’armée de Giap dans un piège en créant un point de fixation sur laquelle elle viendra se briser, en raison de la supériorité matérielle française (garantie par l’aide US). Il s’agit de l’opération Castor qui voit deux bataillons de parachutistes s’emparer de Dien Bien Phu (dans le haut Tonkin). Cette cuvette est l’un des seuls endroits à pouvoir accueillir un terrain d’aviation dans la région et stratégiquement situé à proximité des frontières laotiennes et chinoises.
Au cours des quatre mois suivants, un important déploiement de matériel (acheminé par air) permet de transformer Dien Bien Phu en un camp retranché, a priori imprenable. Au début de mars la garnison française s’y monte à plus de 14 000 hommes, parachutistes et paras coloniaux, légionnaires, tirailleurs algériens et marocains, pelotons de cavalerie blindée, artillerie…le meilleur de l’armée française commandé par des officiers prestigieux (dont un certain commandant Bigeard…).
Giap bien qu’impressionné par ce déploiement de force, relève le défi qui semblerait à priori insurmontable en raison de la puissance de feu française. C’était sans compter sur l’ingéniosité des logisticiens vietnamiens (et l’aide matérielle chinoise). Bravant les obstacles de la jungle, ils parviennent à installer sur les hauteurs surplombant la cuvette de Dien Bien Phu, un important dispositif d’artillerie (Division lourde 351, comprenant des canons de 105 et des lances roquettes multiples russes Katiousha).
Le 13 mars 1954 se sont 4 divisions vietnamiennes (l’ensemble du dispositif de Giap se monte à 80 000 hommes) qui se lancent à l’assaut de Dien Bien Phu. Les légionnaires de la 13e DBLE qui tiennent le point d’appui « Béatrice » sont écrasés sous un pilonnage que l’Etat Major Français n’avait pas su prévoir. Malgré une résistance héroïque, les légionnaires sont finalement anéantis…le sort que vont bientôt subir leurs frères d’armes du reste du camp retranché.
La stratégie du général Navarre, s’est retournée contre lui, la bataille de Dien Bien Phu, point de fixation contre Giap, va devenir le tombeau des meilleurs éléments du CEFEO. La cuvette déjà isolée sur le plan terrestre sera finalement coupée de ses bases logistiques lorsque les Vietnamiens parviennent à interdire toute utilisation des pistes d'aviation. Malgré le parachutage de renforts et de matériel, la bataille est sans issue pour les français, elle va pourtant va durer jusqu’au 7 mai. Une fois de plus les Vietnamiens vont payer très cher leur succès (25 000 morts ? ), mais il est total. Au soir du 7 mai, ils ont fait 11 000 prisonniers (70% décédèrent en captivité dans des conditions effroyables) et tués 2000 soldats français.
Parallèlement à Dien Bien Phu, le début de 1954 voit les négociations entre le Viet Minh et la IVe République entrer dans leur phase ultime. Avec la capitulation du camp retranché, Ho Chi Minh se sait en position de force. Le nouveau président du Conseil français : Pierre Mendès France (qui est préoccupé par la situation en Algérie) s’engage à régler la question Indochinoise au plus vite.
Celle -ci trouve sa résolution (bien provisoire il est vrai) par les accords de Genève du 20 et 21 juillet 1954. Ils entérinent les indépendances du Laos, du Cambodge et le partage (temporaire) du Vietnam en deux entités : au nord la République Démocratique d’Ho Chi Minh au sud l’Etat de Bao Dai. Comme en 1946, un vote populaire, sous forme d’élections générales, est prévu (en 1956) pour résoudre définitivement le problème de la division du Vietnam. Parallèlement les troupes françaises entament leur retrait, cédant la place à des conseillers américains de plus en plus nombreux…
Avec la défaite de Dien Bien Phu, s’amorce dans ce qu’il reste d’empire colonial à la France, un mouvement de fond irrépressible qui est celui de la dernière phase de la décolonisation. Si ce processus trouvera une issue pacifique en Afrique noire au Maroc et en Tunisie, il se traduira cependant par un bain de sang en Algérie, eu égard au statut particulier de ce territoire.
Pour l’Asie du Sud Est, la défaite française en Indochine aura des conséquences profondes. L’influence du régime communiste nord-vietnamien et la reprise de son affrontement avec le sud en 1959, poussera Washington à s’impliquer d’avantage dans la région de peur du fameux « effet domino » dans le monde. En résultera dès août 1964 la très brutale guerre du Vietnam qui affectera aussi le Laos et le Cambodge constituant l’un des épisodes les plus « chauds » de la Guerre Froide. Comme l’armée françaises, les forces américaines trouveront leur mesure dans leur adversaire Vietnamien, mené par un Giap toujours aussi déterminé et peu regardant sur les pertes
LA GUERRE DE 1939/1945
Résumé de la Seconde Guerre mondiale - Avec 61 nations impliquées, plus de 100 millions de combattants et plus de 60 millions de morts, la Seconde Guerre mondiale demeure à ce jour le conflit le plus meurtrier de l'histoire de l'humanité. Six ans durant, ce conflit mondial a opposé les Alliés à l'Axe. Tout au long de cette guerre, des personnages marquants tels que Winston Churchill ou Charles de Gaulle se sont révélés pour s'opposer à l'Allemagne d'Adolf Hitler. Retour sur les principales dates de la Seconde Guerre mondiale pour mieux comprendre ce conflit armé qui s'étend au-delà de la seule période 1939-1945.
Avec l'arrivée des Nazis au pouvoir en Allemagne en 1933, Adolf Hitler promulgue ses premières lois racistes. Sa volonté d'expansion entraîne l'invasion de la Pologne en 1939 et le début de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir envahi la France et le Benelux, l'Allemagne s'attaque à l'Angleterre, mais ne parvient pas à ses fins. L'attaque de l'URSS par les troupes allemandes en 1941 précipite l'entrée en guerre de l'Union soviétique. Dans le Pacifique, c'est l'attaque surprise de Pearl Harbor à Hawaï qui entraîne la mobilisation des Etats-Unis. Tandis que la "solution finale" est validée par les dirigeants nazis en 1942, les Alliés remportent les premières victoires décisives contre les Japonais comme dans la Mer de Corail ou sur l'atoll de Midway. En Afrique du Nord, la bataille d'El-Alamein et le débarquement allié entraîne le recul des combattants de l'Axe. En URSS, les Soviétiques sont vainqueurs de la bataille de Stalingrad en 1943. Avec le débarquement de Normandie, les troupes allemandes sont repoussées. Prise en tenaille par l'armée rouge et les autres Alliés, l'Allemagne capitule le 8 mai 1945. Dans le but de faire plier le Japon, les Etats-Unis lâchent deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Le Japon met fin à la guerre le 2 septembre 1945.
Les causes de la Seconde Guerre mondiale sont un ensemble de facteurs que les historiens analysent comme ayant influencé le déroulement des événements en faveur d'un conflit armé, entraînant ainsi le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Ces causes peuvent être profondes et anciennes, ou des épiphénomènes ponctuels, et leur influence est l'objet de débats au sein de la communauté des historiens. Diverses causes sont généralement avancées, comme les conséquences de la Première Guerre mondiale et notamment l'Europe qui découle du traité de Versailles, les relations internationales entre les principaux acteurs du futur conflit, ou les situations géostratégiques et économiques des divers belligérants. Elles ont conduit à l'invasion de la Pologne par l'Allemagne et l'Union Soviétique, aux attaques du Japon sur la Chine, les États-Unis et les colonies britanniques, françaises et néerlandaises, entraînant l'entrée en guerre de multiples belligérants, et mondialisant le conflit.
Pertes humaines
Les statistiques des pertes de la Seconde Guerre mondiale varient, avec des estimations allant de 50 millions à plus de 70 millions de morts ce qui en fait le conflit le plus meurtrier de l'histoire de l'humanité, mais pas en termes de décès par rapport à la population mondiale.
Les civils ont totalisé 40 à 52 millions de morts, dont 13 à 20 millions de maladie ou de famine du fait de la guerre. Les pertes militaires s'évaluent entre 22 et 25 millions, dont 5 millions de prisonniers de guerre morts en captivité.
Les statistiques ne donnent pas le chiffre du nombre des morts après septembre 1945, (et après mai 1945 pour l'Europe) sans aucun doute élevé : un grand nombre de soldats grièvement blessés décédèrent, ainsi qu'un grand nombre de déportés rescapés, qui moururent des conséquences de mauvais traitements, de privations diverses, etc. Du fait du manque de services médicaux et hospitaliers, souvent dégradés, la mortalité était plus importante qu'avant 1939. Après 1945, la famine était très visible en certaines zones de l'URSS, dans les Balkans, et même dans l'Europe occidentale, sans oublier l'Asie. Aussi, il ne faut pas négliger les conséquences psychologiques, très importantes, avec un grand nombre de personnes traumatisées, souvent pour plusieurs générations.
25 août 1944. Dans la bataille qui se joue pour libérer Paris, le capitaine Lucien Sarniguet tient sa revanche: voilà quatre ans que ce pompier rêve de remettre le drapeau tricolore sur la Tour Eiffel, pour laver l'affront que lui ont fait subir les Allemands.
"Pendant toute l'occupation, c'est resté dans sa tête", témoigne encore 75 ans plus tard sa fille, Jeanne-Marie Badoche. A 92 ans, elle entretient le souvenir vivace de "l'humiliation, jamais digérée" par son père.
Une capitulation "insupportable" pour ce résistant de la première heure, membre d'un réseau baptisé "Armée volontaire", arrêté en août 1940 et emprisonné pendant 18 mois pour avoir fait passer des prisonniers en zone libre.
Le 25, le moment est enfin propice. Dans sa caserne du 15e arrondissement, l'officier réunit quelques hommes de confiance: les sergents Henri Duriaux et Pierre Noël, le caporal chef Charles Rouard et les sapeurs Marcel Conversy et André Taillefer.
Dans leur fourgon, un drapeau tricolore de fortune. Six draps cousus entre eux en secret par des femmes de sous-officiers, raconte Jeanne-Marie Badoche.
Arrivée au pied de la Tour Eiffel, l'équipe s'assure que les pieds ne sont pas minés - Hitler ordonne vainement depuis des jours la destruction de Paris à son général sur place, Dietrich von Choltitz. La Wehrmacht contrôle encore les ascenseurs, reste les escaliers.
L'ascension des 1.700 marches du monument se fait au son des combats qui font rage à quelques centaines de mètres de là, entre la 2e DB de Leclerc - dont un brigadier est tué le jour de ses 20 ans - et les Allemands, retranchés à l'École Militaire de l'autre côté du Champ de Mars.
Aujourd'hui encore, une plaque au dernier étage de la Tour Eiffel commémore cet épisode. L'histoire a pourtant failli se perdre à cause de la discrétion des protagonistes. "Papa ne s'en est pas du tout vanté sur le moment", explique Jeanne-Marie Badoche.
C'est seulement dans les années 80, lorsque le sergent Duriaux fait "un peu de tri dans son portefeuille", que son fils Robert, devenu sapeur-pompier lui aussi, tombe sur "une toute petite photo en noir et blanc" de l'équipe d'alors, prise dans la Tour.
"On a failli passer à côté d'un fait relativement historique et mémorable", souffle Robert Duriaux, aujourd'hui retraité de 68 ans.
Après cette découverte, le fils écrit un article dans le magazine de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris et s'attache à réunir les membres du "commando", à l'aide du désormais "colonel Sarniguet", décédé en 1993, un an avant les commémorations en grande pompe du cinquantenaire de la Libération.
"C'est un acte de courage si on peut dire, mais c'est surtout une belle histoire", sourit Robert Duriaux. L'ancien pompier conserve le casque d'époque de son père et ne manque jamais l'occasion de participer aux reconstitutions de l'événement.
Pour les 75 ans fin août, une cérémonie aura lieu au pied de la Tour Eiffel.
Une occasion symbolique de rappeler "l'ensemble des actions qu'ont menées les pompiers de Paris" à la Libération, rappelle le capitaine Emmanuel Ranvoisy, conservateur de la Brigade. Le régiment de l'époque avait son propre groupe de résistance, baptisé "Sécurité Parisienne", et de nombreux pompiers ont par exemple "transporté des armes" pour les fournir aux insurgés parisiens.
********************************
À Toulon, Issa Cissé tenait un canon antichar dans ce débarquement qui a hâté la victoire des Alliés durant la Seconde Guerre mondiale.
Baptisé dans le plan initial "Anvil" (enclume, en anglais), en référence à "Hammer" (marteau) pour le débarquement de Normandie du 6 juin 1944 dont il devait constituer le pendant, le débarquement de Provence (août 1944) a abouti à la libération d'une grande partie du sud de la France.
"J'ai été engagé volontaire le 4 novembre 1942", peu avant d'avoir 21 ans", se rappelle Issa Cissé. "Je travaillais comme chaudronnier à la marine à Dakar". Avant d'aller en Provence, il dit être passé par bateau au Maroc et en Algérie. "Au Maroc, nous avons été formés, avec d'autres soldats africains, à faire la guerre, au maniement des armes. On nous apprenait à tuer sans être tués." "Ça a commencé le 15 août. J'ai débarqué le 17 août. Je tenais un canon antichar", raconte Issa Cissé, 92 ans, ancien tirailleur sénégalais. "J'appartenais à la 9e division d'infanterie coloniale. Nous avons débarqué le 17 août et le 25 août, nous sommes entrés dans Toulon, que nous avons libérée", précise à l'AFP le frêle vieillard à l'ouïe déficiente.
À la fin de la guerre, "nous avons attendu un an pour rentrer au Sénégal, le 25 avril 1946, faute de bateau". Libéré de l'armée la même année, il retrouve son travail de chaudronnier dans la marine. "J'ai perdu beaucoup d'amis pendant ce débarquement.
Ils ont été tués par des bombes, des mines, des mitrailleuses ou des canons. D'autres sont devenus fous ou estropiés et n'ont jamais pu revenir" en Afrique, indique M. Cissé.
"Nous n'avons pas la reconnaissance de la France. Elle ne peut même pas nous payer", dit-il, déplorant le faible montant de sa pension. "Je perçois 219 614 FCFA [334 euros] tous les six mois. Avant son augmentation [dans les années 2000, NDLR], c'était 25 000 FCFA [38 euros] par semestre", soupire le nonagénaire, livret militaire à la main.
Et de rappeler l'épisode Thiaroye, près de Dakar en décembre 1944. Des tirailleurs démobilisés, de retour de la guerre, qui manifestaient pour réclamer le paiement de leurs primes et soldes, avaient été fusillés par l'armée coloniale française.
Malgré cela, la fierté du devoir accompli demeure. Chéchia rouge et médailles épinglées à un impeccable boubou brodé jaune, Issa Cissé a le visage qui s'illumine encore au souvenir de ses faits d'armes.
****************
C'est « l'autre débarquement » de la Seconde Guerre mondiale. Moins connu que celui du 6 juin, élevé au rang de mythe et maintes fois célébré par le septième art, mais au final pas moins important. Le 15 août 1944 – il y a 75 ans ce jeudi – marque le lancement de l'opération Dragoon en Provence, un peu plus de deux mois après Overlord et le déferlement de l'allié américain sur les plages normandes.
Dragoon et Overlord auraient initialement dues être lancées simultanément, mais entre autres par faute de moyens, le volet provençal est décalé de plusieurs semaines. Il s'agit pour les armées alliées de prendre l'Allemagne en tenaille. Dragoon, co-dirigée par les Américains et les Français – où l'on retrouve le général de Lattre de Tassigny –, a pour objectif de libérer les ports de Toulon (Var) et de Marseille (Bouches-du-Rhône), cruciaux pour organiser le ravitaillement des troupes et la reconquête totale de l'Hexagone. Le 14 août au soir, la radio anglaise de la BBC multiplie les messages codés annonçant l'imminence du déploiement : « Nancy a le torticolis. »
Minuit passé, les premières bombes sont lâchées et des milliers de soldats sont parachutés dans le noir dans l'arrière-pays varois, tandis que le reste des forces accostent entre Toulon et Cannes (Alpes-Maritimes). 2 200 bâtiments, dont 850 navires de guerre, principalement américains et anglais. Fréjus (Var) tombe le 16 août, Draguignan (Var) dans la foulée. Il faudra une petite semaine pour récupérer Toulon aux Allemands, tout comme Marseille, avant que les forces alliées ne remontent en suivant la Rhône pour finalement retrouver les régiments d'Overlord en Bourgogne.
Mais si ce débarquement revêt une importance pour la France, c'est parce qu'elle en aura été très largement partie prenante. En juin, seuls 177 vaillants du commando Kieffer avaient foulé les plages de Normandie. Sur les quelque 400 000 soldats qui participeront à l'offensive provençale, on en décompte pas moins de 250 000 sous les couleurs de la France – et dont une grande partie d'Algériens, Marocains, Tunisiens, ou Sénégalais.
Pour la commémoration des 60 ans de Dragoon, en 2004, Jacques Chirac leur rendra un vibrant hommage : « Chasseurs d'Afrique, goumiers, tabors, spahis, tirailleurs, zouaves, ils ont été les inlassables artisans de la victoire. » Un épisode à part, aussi, dans la mémoire de l'ancien président. Alors âgé de 11 ans, il réside encore au Rayol-Canadel – au cœur de Dragoon – à l'été 44. Et sa famille aura eu l'occasion d'accueillir, le 15 au soir, le général Brosset, à la tête de la 1re division française libre.
**************************
LA GRANDE GUERRE
(GUERRE DE 1914/1918)
La Première Guerre mondiale, aussi appelée la Grande Guerre, est un conflit militaire impliquant dans un premier temps les puissances européennes et s'étendant ensuite à plusieurs continents, qui s'est déroulé de 1914 à 1918.
Le 28 juin 1914, à Sarajevo, un jeune nationaliste serbe originaire de Bosnie, Gavrilo Princip, assassine le couple héritier du trône austro-hongrois, le prince François-Ferdinand d'Autriche et son épouse la duchesse de Hohenberg. L'Autriche-Hongrie réagit à l'attentat en formulant un ultimatum à l'encontre du royaume de Serbie, en accord avec son allié allemand. Les exigences austro-hongroises étant jugées inacceptables par les Serbes, ceux-ci rejettent l'ultimatum, ce qui conduit l'Autriche-Hongrie à déclarer la guerre à la Serbie. Ce conflit local provoque l'activation d'un jeu d'alliances entre les grandes puissances européennes qui les entraîne sur la voie de la guerre. Plusieurs de ces puissances sont à la tête d'empires s'étendant sur plusieurs continents, ce qui explique la dimension mondiale du conflit.
Considérée comme un des événements marquants du xxe siècle, cette guerre met essentiellement aux prises deux grandes alliances : la Triple-Entente (ou « Alliés ») et l'alliance formée par les Empires centraux.
La Triple-Entente est composée de la France, du Royaume-Uni, de la Russie, et des empires coloniaux que ces États contrôlent. Plusieurs autres États se joignent à cette coalition, dont la Belgique, envahie par l'Allemagne, qui fait appel à la France et au Royaume-Uni, garantes de son indépendance. Le Japon rejoint la coalition en août 1914, l'Italie en avril 1915, la Roumanie en août 1916 et les États-Unis en avril 1917, ainsi que de nombreux autres pays moins puissants.
Les Empires centraux sont l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, et les colonies qu'elles contrôlent. L'Empire ottoman les rejoint en octobre 1914, suivi un an plus tard du royaume de Bulgarie.
Parmi les nations européennes, seuls les Pays-Bas, la Suisse, l'Espagne, le Danemark, la Norvège, la Suède, le Liechtenstein et Monaco demeurent officiellement neutres, bien que certains d'entre-eux participent financièrement ou matériellement aux efforts de guerre des protagonistes.
Les combats se déroulent sur différents fronts situés principalement en Europe, mais une petite partie de l’Asie, de l'Océanie et de l'Afrique, ainsi que l’Atlantique Nord connaissent également des actions militaires. Le front de l'Ouest est caractérisé par un ensemble de tranchées et de fortifications séparées par une aire surnommée le no man's land. Ces fortifications s'étendent sur plus de 600 kilomètres, et donnent lieu à la « guerre des tranchées ». Sur le front de l'Est, l'étendue des plaines et la faible densité ferroviaire empêchent la stabilisation des champs de bataille, mais le conflit est tout aussi étendu. D’importants combats ont lieu dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Italie.
Cette guerre est la première où les aéronefs (ballons fixes ou dirigeables puis, de plus en plus, les avions) jouent un rôle tactique important, d'abord pour l'observation et la reconnaissance, puis pour la chasse et le bombardement. Les premiers véhicules blindés motorisés apparaissent alors, essentiellement au sein de la Triple-Entente à la supériorité de laquelle ils contribuent. Elle donne également lieu au premier engagement massif de sous-marins de combat, et à une guerre de course menée contre des flottes commerciales, qui atteint son paroxysme lors de la première bataille de l'Atlantique.
Parfois qualifiée de guerre totale, elle atteint une échelle et une intensité inconnues jusqu'alors. Elle implique plus de soldats, provoque plus de morts et cause plus de destructions que toute autre guerre antérieure. Plus de soixante millions de soldats y prennent part. Pendant cette guerre, environ dix millions de civils et de militaires sont morts et environ vingt millions sont blessés.
Les pertes humaines de la Première Guerre mondiale s'élèvent à environ 18,6 millions de morts. Ce nombre inclut 9,7 millions de morts pour les militaires et 8,9 millions pour les civils. Les Alliés de la Première Guerre mondiale comme les Empires centraux perdent approximativement plus de 9 millions de vies chacun. Cet article ne parle pas de la grippe espagnole, conséquence indirecte de la guerre.
D'autres événements historiques majeurs surviennent pendant ce conflit, comme le génocide arménien (1915-1916), la Révolution russe (1917) ou la grippe de 1918, qui augmentent la mortalité et la détresse des populations. Pour toutes ces raisons, cette époque marque profondément ceux qui la vivent. Cette guerre entraîne de nombreux changements géopolitiques et infléchit fortement le cours du xxe siècle.
Elle cause l'effondrement ou la fragmentation des empires allemand, austro-hongrois, russe et ottoman. L'Allemagne voit son territoire réduit ainsi que sa puissance économique et militaire amputée lors du traité de Versailles. En conséquence, les frontières européennes et du Proche-Orient sont redessinées. Des monarchies sont remplacées par des États communistes ou par des républiques démocratiques. Pour la première fois, une institution internationale est créée dans le but de régler les différends internationaux : la Société des Nations (SDN)